L'art, ce rire jaune du réel - Du 6 au 20 août 2025
- Open Space

- 30 juil.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 août
Exposition personnelle d’Yves Lanoue, alias Sylen Avoue
"L'art, ce rire jaune du réel"
Du 6 au 20 août 2025
Vernissage samedi 9 août à 18h.
L’association Open Space a le plaisir d’accueillir une exposition singulière et percutante signée Yves Lanoue, artiste connu sous le pseudonyme Sylen Avoue. Son travail interroge avec ironie et acuité la condition humaine et le monde qui nous entoure, donnant à voir les tensions et contradictions du réel sous un regard à la fois lucide et critique.

Sous le titre évocateur "L'art, ce rire jaune du réel", Yves Lanoue propose une plongée dans un univers où l’humour amer dialogue avec des images fortes, où la critique sociale se mêle à une poésie visuelle parfois déconcertante mais toujours profonde. Sa démarche artistique décline une vision contemporaine, à la fois ironique et sensible, qui invite à réfléchir sur nos perceptions, nos doutes et les paradoxes de notre époque.
Cette exposition est une invitation à explorer l’art en tant que miroir déformant et révélateur, où s’entrelacent le sourire forcé et la gravité d’un regard porté sur notre réalité changeante.
Venez découvrir du 6 au 20 août 2025 à Open Space des œuvres engagées et inspirantes qui ouvrent une fenêtre originale sur notre monde.
Manifeste de Sylen Avoue
Du beau avec de la merde : Fragments tendres d'une insurrection organique
I. L’art ne sort pas d’une imprimante A4
L’art n'est pas pour moi, un truc qui sort d'un claquement d'agrafeuse ou de relieuse à spirales. Il ne naît pas dans les étagères neurasthéniques suédoises d’une administration culturelle.Chez moi, l’art me tombe dessus comme une gastro un jour de mariage : sans prévenir, viscéral, total.D'ailleurs, il ne tombe pas ! Oh non ! Il ne tombe pas, il est ubiquiste. Il vient du ventre, ce vieux moteur capricieux qui mélange peur, colère, joie, faim et tendresse comme un mixeur fou. Il bave, il gargouille, il dégueule parfois, et c’est là que j’entre en scène. Je ne suis pas un architecte de la beauté. Je suis un récupérateur de fuites, un chiffonnier des sens.
Mon enfance ? Une succession de poubelles surprises, de collections de cheveux oubliés sur des brosses et de figurines mutilées qui pleuraient des larmes en chewing-gum.L’art a commencé là, quand j’ai fait parler une boîte de conserve crevée avec un vieux mégot pour oreille.Tout était déjà là : la fragilité, la blague, la honte, le sublime.
— Tu peux t’approcher. Peut-être que ton propre chaos y trouvera un miroir.
II. Mon matériau, c’est l’oublié avec une odeur de boomerang.
Je ne vais pas chez le marchand de toiles. Moi, je me fournis chez les mouettes.J’écoute ce que le monde abandonne. Je fais mon marché dans les entrailles du frigo, au rayon des raton laveur des souvenirs suspects.Une coquille d’œuf a souvent plus à dire qu’un discours d’inauguration.
Le déchet est un poète muet.Une peau de banane, c’est une virgule dans le sonnet de l’univers.Une peluche trempée, c’est un roman de guerre et de tendresse, mouillé jusqu’à l’os.
Je ne recycle pas. Je fais de la médecine générale pour les objets égarés. Je les accueille dans ma salle d’attente de fortune, entre une planche clouée et un couscous lyophilisé.
— Regarde bien, visiteur : ici, chaque chose a encore quelque chose à dire.
III. Je ne demande pas d'autorisation à la beauté
Je ne travaille pas à la commande. Je ne suis pas le boulanger du bon goût subventionné. Je ne fais pas cuire des installations à 180° pour des foires chic. Je fais de la soupe d’épluchures avec les doigts sales de l’enthousiasme.
La beauté, chez moi, n’est jamais volontaire.C’est une fuite de lumière entre deux sacs plastique.Un truc bancal qui cligne de l’œil comme un feu arrière de vélo sous anxiolytiques. Et ça me va.
Je ne suis pas salarié de la grâce. Je suis son amant occasionnel, celui qu’elle ne présente pas à ses parents.
— Rien ici ne cherche à te plaire. Mais tout ici est sincère. Laisse-toi surprendre.
IV. Clown triste mais les mains pleines de compote
Je fais rire comme une pomme tombée trop tôt : un peu amer, un peu mou, mais plein de miel au fond.Mon art, c’est de jongler avec les restes d’hier et les angoisses de demain.
Je suis le bouffon des larmes sèches.J’entre dans les lieux avec un costume fait de filets à légumes et un chapeau en peau de kiwi.J’offre des sculptures comme des farces : ça pique, ça surprend, mais ça dit vrai.
Je ne joue pas à être profond. Je patauge.Dans une bassine d’émotions tièdes, de souvenirs puants et d’espoirs ridicules,avec le sérieux d’un enfant qui prépare une potion magique avec de la mousse et des cailloux.
— Et si tu riais doucement, même un peu jaune, ce serait déjà un début de partage.
V. Une tendresse qui sent la syntaxe du jus de cornichon
Je les aime, mes objets. Même ceux qui collent. Surtout ceux-là.Un vieux gant orphelin, c’est un cœur de boxeur.Une chaussette esseulée, c’est une ballerine à la retraite.Ils ont tout donné.Ils méritent leur place sur l'oppidum de mon atelier imaginaire.
Car non, je n’ai pas d’atelier.Mon plafond, c’est le ciel salé,mon plan de travail, c’est les pavés des quais de Sète.J’ai pour lumière les réverbères rouillés et pour rideau de scène le vent marin.Là, je compose mes œuvres comme d'autres préparent une fugue :à la sauvette, avec le cœur ouvert et les yeux qui cognent.
Je parle doucement aux morceaux. Je leur murmure :« ne t'inquiète pas, ici tu as encore une scène. »Et je les expose, sans les laver, sans les trahir. Car leur dignité est là : dans leur usage, dans leur fatigue, dans leur odeur de vécu.
— Toi aussi, peut-être, as-tu quelque chose de collant en toi. Et si on lui faisait une place ?
VI. Galeries, vitrines et pièges à mouches
Le monde de l’art sent souvent le renfermé.Un parfum de renoncement en fac-similé de flacon design.Je n’ai jamais su parler cette langue en PDF.
Les galeries veulent du blanc, plus blanc que blanc,du droit, du propre, de l'intellectuellement desséché.Moi, je leur offre une installation qui sent le reblochon en fin de vie et la poésie de casier à homard.Ils veulent du concept, je leur sers du vécu. Et tant pis s’ils grimacent.
Je préfère mille fois l’œil qui plisse que le sourire creux de ceux qui encadrent du vide.
— Tu peux plisser les yeux aussi, pour voir autrement. Rien ici n’est figé.
VII. Mon atelier, c’est une jungle qui médite
Bienvenue chez moi :ici, les mouches votent, les clous pleurent, les cure-dents racontent leurs premières fois.Rien n’est immobile. Chaque objet a une mission secrète,chaque poussière connaît une chanson.
C’est un théâtre à ciel fermé.Une arche de Noé pour les objets bannis.Un cirque silencieux où les couleurs s’organisent en grève générale une fois par semaine.
Et moi, je suis là, gardien poète, funambule maladroit,bras tendus vers l’inutile,priant chaque jour pour que le monde accepte encore une sculpture en trognon, avec ou sans pépin.
— Tu es entré, maintenant. Alors regarde bien : la jungle t'écoute aussi.
VIII. Vivre, c’est danser avec ses pelures
Je ne veux pas faire oublier la moisissure. Je veux l’honorer.La vie n’est pas une suite d’odeurs fraîches. C’est une fermentation joyeuse.
Mes œuvres sont des chansons d’amour chantées à la poubelle,des déclarations aux grumeaux de nos existences. Je les tends comme des bouquets trempés à ceux qui croient encore qu’on peut faire rire et pleurer avec une vieille semelle.
Je suis Sylen Avoue. Et je ne travaille pas avec ce qui brille.Je fabrique du miracle avec de la matière vexée. Je fais de la tendresse en compote. Du sublime qui mousse. De l’art qui rigole dans les coins.
Et je le fais avec le cœur en chaussons et les doigts sales de joie.
— Tu n’as rien à comprendre. Juste à sentir. Tu peux aussi repartir avec une question sale sous l’ongle.
Il y a chez moi une URGENCE de CRÉER,
non pas pour plaire mais pour survivre ou respirer.

Association OPEN SPACE
8, rue Garenne
34200 Sète




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